Abidjan, 10 Octobre 2024-La Ligue/ À l’occasion de la journée de la santé mentale , il est important de remettre en lumière la nécessité d’investir dans l’équilibre émotionnel et mental des féministes que nous sommes. Lors de la semaine FemZen organisée il y a quelques mois en partenariat avec AWDF, The African Women’s Development Fund , nous avons pu faire une pause et recentrer nos actions sur notre bien intérieur. Cette tribune vise à renforcer le plaidoyer autour de l’investissement dans la santé mentale des féministes qui chaque jour sont en ligne de front contre le patriarcat. La femme dans le contexte africain est l’être qui fait le sacrifice, qui supporte et de qui l’on attend une part d’héroïsme. Les héroïnes qui nous ont été présentées sont celles qui ont fait des sacrifices, celles qui se sont oubliées, celles qui passent après tout le monde. Cet héroïsme qui se traduit par la souffrance nous l’emportons avec nous dans notre vie de militante féministe en mettant en péril notre santé physique et mentale.
Dans un contexte où le patriarcat est omniprésent, être féministe c’est faire preuve de courage, c’est aller à l’encontre de la pensée dominante, c’est aussi mettre son mental à rude épreuve.
Travail acharné mal rémunéré et pas toujours reconnu, débats houleux, harcèlement et violence en ligne, menaces de mort, plaidoyers sans suite, fatigue extrême, lenteur des procédures, perte d’énergie, baisse de mental… Ces situations nous l’avons une fois vécue dans notre parcours militant. Parfois dans le silence, parfois dans le déni et parfois collectivement, elles ont mis notre santé mentale à rude épreuve.
Il nous est souvent difficile en tant que féministes d’admettre la fatigue, d’accepter notre vulnérabilité et de nous reposer car nous sommes continuellement en train de résister à un système qui nous oppresse. Il nous est quasiment impossible de nous arrêter, de prendre une pause et de penser qu’à nous.
En tant que militantes féministes ivoiriennes, nous devons comprendre que « Nous ne sommes pas les Abla Pokou des temps modernes. » Nous sommes des êtres humains, qui faisons du mieux que nous pouvons pour parvenir à l’égalité.
Ce n’est pas et ce ne sera jamais de la faiblesse de mettre des garde-fous, de bloquer ou de sortir de certaines discussions lorsque nous sommes attaquées dans les médias et sur les réseaux. La liberté d’expression c’est aussi être libre de ne pas s’exprimer.
Il est temps de penser à notre bien-être physique et mental, de prendre soin de nous, de nous laisser porter par la bienveillance et la sororité du mouvement.
C’est d’ailleurs pour cette raison que FEMZEN a été pensé. C’est une semaine où l’on laisse derrière nous, nos luttes quotidiennes. FEMZEN c’est le moment de nous chouchouter, nous faire masser, de nous recentrer et de recharger nos énergies.
FEMZEN dure une semaine certes mais le combat féministe c’est tous les jours. Et chaque jour, nous sommes témoins de la violence, de la précarité et des discriminations que subissent les femmes.
Alors chaque jour, nous devons trouver du temps pour nous-mêmes. Nous devons multiplier les cercles de paroles qui inéluctablement sont des espaces sûrs où nous pouvons nous dire et nous ouvrir sans crainte du jugement. La thérapie n’étant pas que collective, consulter un spécialiste de la santé mentale est un excellent moyen de se maintenir en bonne santé. Et en Côte d’Ivoire plusieurs organisations féministes travaillent avec des psychologues. Elles font de la santé mentale une priorité dans leurs actions.
Dans une société où s’assumer en tant qu’être humain à part entière signifie c’est se mettre à dos la majorité, l’amour de soi et l’estime de soi doivent davantage être encouragés car comme le disait Bell Hooks (Théoricienne du féminisme noir) : « Une femme qui choisit de s’aimer elle-même ne regrettera jamais son choix. L’amour qu’elle se porte la rend plus puissante et plus libre. Ses relations avec les autres s’en trouvent améliorées. ».
Ainsi, face à la montée des mouvements anti droits, la sororité est absolument un booster pour notre santé mentale, nous t’invitons donc à faire bouger les choses pour une meilleure gestion de la santé mentale des féministes en Afrique de l’Ouest en particulier, sur le continent africain et dans le monde.
Signataires :
La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes – Côte d’Ivoire
Aimée Kouassi – Côte d’Ivoire
Ghislaine Doma- La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Djeneba Diabate – Côte d’Ivoire
Paule-Nancy KOLETI – Côte d’Ivoire
Eva Amegboh – Côte d’Ivoire
Eva Hélèna Arielle Amegboh – Côte d’Ivoire
Marianne Thiémélé – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- France
Magne Marie Benedicte Kouadio-La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Sally Adingra-La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Nayanka NIAKPA-La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Kadiatou KONATE – Guinée
Adeen Tahny IY – France
Tina YOUAN ILUPEJU – Côte d’Ivoire
Brenda Ba Lou-La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Akpedje Olivia ANAGONOU – Rwanda
Brell Yandzangoye Voua – France
Ghislaine Doma – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Amina Harouna – Togo
Aby Kone – Côte d’Ivoire
Ange Sandrine DELEBE – Côte d’Ivoire
Axelle Myranda SAY – Bénin
Layébi Blandine Yéo – EngenderHealth – Côte d’Ivoire
Bénédicte Joan – Stop au Chat Noir – Côte d’Ivoire
De Laure Nesmon – Côte d’Ivoire
Fleur-Candice Dongo – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Dieynaba N’Diomn – Mauritanie
Bintou FALL – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Salematou BALDE – Côte d’Ivoire
Constance YAÏ – Côte d’Ivoire
Aurore Mondah – Côte d’Ivoire
Marie-Stella Elizabeth COWPPLI-BONY- La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes – Côte d’Ivoire
ONG Opinion Éclairée – Côte d’Ivoire
Louise Clayette – Empow’Her
Hadja Djeneba Siby – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Fatou Warkha SAMBE – Warkha TV – Sénégal
Josephine Mugishagwe – Fós Feminista
Aminata Ba – Sénégal
Delores Pie – Côte d’Ivoire
Elise Fouillet – Équipop
Lou Marie-Josiane TRA – Initiative Tilé – Côte d’Ivoire
Wanjiru Fidelis – IPPF – Kenya
Hilmelda Tenkeu – Kenya
Nabounou Traoré – Côte d’Ivoire
Désirée Deneo – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Canada
Roselyne Sosoo – Côte d’Ivoire
Danielle Gonaï-La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Andréa Mireille Drebly Dacoury Beugre-La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Aude N’DEPO – Gouttes Rouges
Saratou Boukôla Anne Marie RAMONU- La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes – Côte d’Ivoire
Zipporah NDIONE – ROAJELF SENEGAL – Sénégal
Jocelyne Élodie Guessan – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes – Côte d’Ivoire
Marthe Fare – Collectif Non c’est Non – Togo
Amandine Yao – Gouttes Rouges – Côte d’Ivoire
Florence NEBOUT – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes – Côte d’Ivoire
Emmanuella KAHAN – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes
Clara Caldera – Association Italienne Femmes pour le Développement (AIDOS) – Italie
Cécilia BLEU NAWA – Côte d’Ivoire
Yebi Josiane Boyo – REFEB CI – Côte d’Ivoire
Meganne Boho – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Bérénice Glougbé – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Nadira MAÏNASSARA – France
Fatoumata SYLLA – Fatimblog – Côte d’Ivoire
Fatoumata SYLLA – Allô Blog – Côte d’Ivoire
Aymone ACHO – Côte d’Ivoire
Debora Tebily – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Anne Letissia Konan – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Junior Henock Djedje – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Bénédicte OTOKORÉ – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes- Côte d’Ivoire
Marie-Paule Okri – La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes – Côte d’Ivoire