Les violences faites aux femmes dans le monde du sport : ELLES brisent le silence!

Abidjan, 7 Février 2024-La Ligue/-Le sport a le pouvoir de changer des vies en enseignant aux femmes et aux filles le travail d’équipe, l’autonomie, la résilience et la confiance en soi. Malheureusement, les jeunes femmes africaines et afro-descendantes sont souvent victimes de violences sexuelles et sexistes dans l’environnement sportif, et ceci continue de passer inaperçu. 

André Dirabou, Capitaine de l’équipe ivoirienne de Rugby, engagée dans la lutte des violences faites aux femmes, à l’activité toutes au rugby

 

Le harcèlement et les abus sexuels dans le sport constituent un problème social qui existe depuis plusieurs années. Pourtant, peu de sportives ont porté plainte contre leurs agresseurs. L’absence de plaintes peut laisser croire qu’il y a peu de cas de harcèlement et d’abus sexuels dans le milieu sportif ou encore que cela n’existe pas. Pour présenter des chiffres sur des cas de violences sexuelles dans le contexte sportif féminin, il faudrait se référer à des données belges, françaises, américaines ou allemandes, car il y a très peu d’études sur le sujet concernant les sportives africaines et afro-descendantes.  

En 2020, Yves Jean-Bart, le président de la Fédération Haïtienne de Football, est accusé de viols sur des joueuses mineures. En effet, Yves-Jean Bart aurait violé de nombreuses joueuses mineures ces dernières années. Témoignant de pressions subies pour garder le silence, des victimes présumées ont affirmé au journal, sous couvert d’anonymat, qu’au moins deux joueuses mineures auraient avorté suite à des viols commis par le président de la fédération dans le centre national d’entraînement. La FIFA avait annoncé sa suspension à titre provisoire.

En 2021, un rapport commandé par l’instance dirigeante du basket-ball, la Fédération Internationale de Basketball (FIBA), décrit en détail les abus répandus de longue date dans le sport féminin au Mali, en particulier chez les adolescentes maliennes. Le rapport de la FIBA cite des cas d’ingérence, d’obstruction, d’intimidation de victimes et de témoins de la part de la Fédération malienne de basket-ball (FMBB), qui cherchait à dissimuler des abus allant de « sexuels » à « psychologiques » commis par son propre personnel.

En février 2022, Makadi Touré, membre du staff technique de l’équipe féminine de l`Africa Sport est accusé de chantage et de harcèlement sexuel sur des joueuses. Ce scandale a secoué le football ivoirien alors que le processus électoral pour la présidence de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) était en marche. Il a été suspendu puis exclu de l’équipe.

En 2022, la Zambie fait partie, pour la première fois,  des pays africains qualifiés pour la Coupe du monde féminine en 2023,  avec l’Afrique du Sud, le Maroc et le Nigeria, organisée par l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Des abus sexuels sont alors soupçonnés : des joueuses auraient été sélectionnées contre des faveurs sexuelles accordées à certains responsables de la Fédération dont les noms n’ont pas été mentionnés.

Le 15 décembre 2023, La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes  est contactée par la taekwondoïste C.M pour lui faire part des faits de harcèlement, et d’abus d’autorité dont elle est victime de la part de l’entraîneur principal de l’équipe national de taekwondo de Côte d’Ivoire. En effet, la victime n’est plus sélectionnée pour les compétitions internationales, malgré ses performances remarquables, en réaction à son refus de céder aux propositions obscènes de l’entraîneur. En outre s’ajoutent au témoignage de C.M, celui d’une autre athlète qui a saisi la Ligue pour des faits de harcèlement, et le témoignage d’une troisième athlète concernant les agissements de l’entraîneur. Une enquête est en cours et La Ligue suit de très près l’évolution de cette affaire, à quelques mois des Jeux Olympiques de Paris 2024.

Très peu de femmes sportives décident de sortir du silence. Diverses raisons l’expliquent, telles que l’incapacité à reconnaître les relations abusives ainsi que la honte qu’une sportive puisse ressentir lorsqu’elle veut témoigner. Il faut également pointer du doigt la responsabilité des organisations sportives et étatiques de traiter les violations des droits humains. Ces sportives se retrouvent pour la plupart face à un terrible dilemme: « Jouer le jeu », même s’il est traumatisant pour les victimes, pour garder leur place dans l’équipe ou dénoncer ces abus, mais n’obtenir que peu ou pas d’appui de la part de l’organisation comme de celle de leur entourage sportif immédiat. Les femmes athlètes reçoivent, en effet, très peu de soutien personnel de leurs collègues, avec comme risque immédiat encouru: la non-sélection dans la formation des équipes nationales.

Pour combattre cette forme de violence, Il est nécessaire pour les organisations sportives de reconnaitre l’existence de ces violences, de comprendre leur impact sur les femmes athlètes et la manière dont ces violences renforcent les dynamiques de pouvoir. Il est également impératif de mettre en place des mécanismes de prise en charge effective des victimes et survivantes qui font les frais de cette violence dans le monde sportif.

La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes encourage toutes les femmes, y compris celles qui travaillent dans le milieu sportif, à briser le silence sur les violences. Elle réitère son engagement auprès des survivantes et s’engage à les accompagner afin qu’elles ne soient plus jamais seules.

Écrit par Jenny Prinston et Marianne Thiémélé

La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes
est une organisation féministe créée par des jeunes femmes ivoiriennes engagées dans la promotion des droits des femmes ainsi que la lutte contre les violences faites les femmes.

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