Abidjan, 18 Septembre 2024-La Ligue/ En Côte d’Ivoire, les violences faites aux femmes en général, et les féminicides en particulier, sont en constante recrudescence et les chiffres sont alarmants.
En 2020, au moins 416 femmes ont perdu la vie dans des circonstances violentes liées à leur genre, seulement dans le District d’Abidjan selon l’enquête réalisée par L’ONG CPDEFM. Ces meurtres, loin d’être des faits isolés, sont des manifestations de la violence systémique et structurelle dont souffrent les femmes dans notre société et chaque année, de nouvelles victimes viennent allonger la liste de celles qui paient le prix ultime du patriarcat.
Photo prise le 9 décembre 2023 lors de la marche organisée par La Ligue contre les féminicides et les violences faites aux femmes
Malgré les lois et les engagements pris par les autorités pour protéger les droits des femmes, trop peu d’efforts sont fournis pour garantir l’application stricte de ces mesures. Le manque de diligence dans les enquêtes et la culture de l’impunité renforcent le cycle de la violence.
Dans le contexte actuel du meurtre de Dame O.K ayant eu lieu récemment, Il est impératif et urgent pour nous de prendre la parole.
Nous, La Ligue Ivoirienne des Droits Femmes, tenons à exprimer notre profonde indignation face à l’horrible féminicide qui a coûté la vie à Dame O.K. Ce crime, qui n’est qu’un féminicide de trop, reflète la persistance de violences en nombre croissant à l’encontre des femmes dans notre société.
L’OMS distingue plusieurs cas de féminicides dont les plus récurrents en Côte d’Ivoire sont les féminicides intimes et non intime. Le féminicide intime est commis par le conjoint, actuel ou ancien de la victime. Le féminicide non intime, quant à lui est un crime qui implique une agression sexuelle ou dans lequel les femmes sont explicitement visées.
Selon une étude citée par l’Organisation mondiale de la santé, plus de 35 % des femmes tuées dans le monde le seraient par leur partenaire, contre 5 % seulement des meurtres concernant les hommes. En 2021, environ 45 000 femmes et filles dans le monde ont été tuées par leur partenaire intime ou d’autres membres de la famille. Cela signifie qu’en moyenne, toutes les heures, plus de cinq femmes ou filles sont tuées par un membre de leur propre famille.
Nous félicitons d’emblée les autorités compétentes pour le travail abattu sur cet énième féminicide et en appelons à leur rigueur dans la suite des actions à mener. Nous demandons:
– L’adoption et à l’application de lois spécifiques contre les féminicides ;
– La reconnaissance juridique du féminicide et l’utilisation de ce terme dans la classification des violences basées sur le genre ;
– La rigueur de la loi contre les auteurs des féminicides ;
– Un état des lieux sur les féminicides et des statistiques sur les violences sexuelles et sexistes en Côte d’Ivoire ;
– Une systématisation des données sexistes produites par les organisations de la société civile agissant contre les violences sexuelles et sexistes dans les statistiques produites par le ministère de la femme, de la famille et de l’enfant ;
– L’insertion de l’Éducation aux droits humains dans le programme scolaire ivoirien ;
– Une réforme judiciaire pour le renforcement de capacités des forces de l’ordre sur les violences basée sur le genre et des procédures judiciaires accélérées pour les cas de féminicides ;
Nous lançons également un appel à la population et aux médias afin de faire preuve de responsabilité et de respect dans leurs commentaires et couvertures de cet événement tragique. Toute forme de propos sensationnalistes, de diffamation ou de justification de ce crime n’a pas sa place dans une société soucieuse de justice et d’égalité.
Nous apportons tout notre soutien à la famille éplorée et nous nous souvenons par cette même occasion de toutes ces femmes, victimes de féminicides en Côte d’Ivoire et dans le monde.
Chaque femme a droit à la sécurité de sa personne, à la dignité humaine et à la vie. Il est temps que les autorités, ainsi que toute la société, prennent leurs responsabilités pour mettre fin à ces crimes intolérables.
La Ligue continuera ses actions de sensibilisation sur les féminicides et les violences faites aux femmes afin qu’aucune fille, aucune femme, aucune survivante, ne soit plus jamais seule.
Fait à Abidjan, le 18 Septembre 2024
