Journée de La Lutte Contre La Pauvreté
Abidjan, 17 Octobre 2024-La Ligue /Le 17 Octobre est célébrée dans le monde entier la Journée internationale de l’élimination de la pauvreté. Depuis 2020, en raison de la pandémie de COVID-19 et des conflits, 75 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans l’extrême pauvreté. Il est donc essentiel d’agir, immédiatement, pour éviter que plus de 342 millions de femmes et de filles ne vivent dans la pauvreté d’ici à 2030.
Le thème de cette année 2024 est : “Mettre fin à la maltraitance sociale et institutionnelle et agir ensemble pour des sociétés justes, pacifiques et inclusives”. L’occasion est donc bien choisie pour parler des travailleuses du secteur informel qui occupent les emplois les plus vulnérables de cette économie, et pour alerter sur les conditions de vie et de travail.
Les femmes représentent la moitié de la population mondiale, néanmoins elles ne participent aux activités économiques que dans des proportions très inégales par rapport aux hommes. En effet, elles sont moins présentes sur le marché du travail, précisément au niveau des postes de direction et dans l’entreprenariat, et contribuent donc moins à la productivité des entreprises. Malheureusement, ces inégalités sont souvent invisibilisées et/ou sous considérées car elles sont difficilement quantifiables dans tous les pays. On parle “d’économie informelle”. Dans les économies émergentes et en développement, le secteur informel en 2021 représenterait selon la Banque Mondiale plus de 70% de l’emploi total, et contribuerait à un tiers du PIB. Ce secteur emploie de nombreuses femmes et pourtant, elles y rencontrent de nombreux défis, et plus particulièrement dans l’agriculture.
Les femmes dans le secteur informel
En Afrique Subsaharienne, d’après ONU Femmes, 89% des emplois de l’économie non structurée, ou “économie souterraine”, sont occupés par des femmes. Des vendeuses ambulantes aux domestiques, en passant par les prestataires de petits services, leur part dans l’économie informelle est disproportionnée.
Par rapport aux hommes, les femmes sont discriminées lors de l’accès à l’emploi, possèdent en général un faible niveau d’instruction ou d’expérience, et très souvent travaillent tout en assumant les tâches ménagères en parallèle. Le secteur informel ayant des obstacles à l’entrée moins difficiles à franchir par de moindres besoins en capitaux et en compétences, une grande flexibilité des horaires et des lieux de travail, favorise l’accès à l’emploi pour les femmes.
Cependant, les femmes dans l’économie non structurée travaillent systématiquement pour des salaires plus bas et dans des conditions précaires, et sont d’autant plus exposées au risque de harcèlement sexuel. Ces emplois privent très souvent les femmes de la protection qu’offre une législation du travail et des avantages sociaux tels que l’assurance santé, les congés de maladie payés et les allocations de retraite. Sur le long terme, ce manque de protection affecte de nombreuses femmes, qui se retrouvent dans la pauvreté dans leur retraite. Par exemple, même dans les économies développées comme l’Italie, la France et la Grèce, les allocations de retraite perçues par les femmes sont en moyenne 30% inférieures à celles des hommes.
Les États d’Afrique se développent mais peinent à réguler l’informel, surtout en matière fiscale. Le paysage politique et la singularité du continent renforcent sa présence, et les premières à en subir les conséquences sont les femmes. Il est impératif d’œuvrer pour leur empouvoirement économique qui est plus que jamais en danger, en élaborant des lois en faveur de la protection sociale des actrices du secteur informel.
Écrit par Marianne Thiémélé